Qu’est ce que la calligraphie arabe ?
Jadis, en Orient, la calligraphie était la référence même du beau, le miroir de la culture mésopotamienne, berceau de la civilisation où l’écriture cunéiforme sur l’argile est apparue pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. La calligraphie, était un métier artisanal.
La calligraphie arabe avait remplacé la peinture, la figuration étant prohibée.
Cet interdit est à l’origine de l’essor de cet art graphique.
Aujourd’hui la calligraphie est devenue un moyen d’expression d’art pictural, un art contemporain.
Si la calligraphie a pu remplacer la peinture, c’est parce qu’elle n’est pas seulement parole, elle est aussi image.
C’est en quelque sorte une peinture de la parole.
On pourra dire que la calligraphie arabe est un art du signe, donc un art abstrait, purgé de l’image figurative, afin d’élucider le sens dans son infini et sa beauté.
A travers elle, l’utile (communiquer par l’écriture) se joint ainsi à l’agréable (susciter une émotion esthétique, faire percevoir le beau).
La souplesse, la fluidité de l’écriture arabe, la richesse des formes des lettres et les différents styles nuskhi, diwani, thuluth…. offrent une grande liberté à la création.
Le calame, roseau taillé est le prolongement du bras et du corps, il est une véritable exploration entre le corps et l’esprit à travers le prisme de l’écriture.
Les valeurs plastiques de la calligraphie sont des éléments indispensables pour évoquer la beauté de cet art majeur dans tous ses aspects, du plus traditionnel au plus contemporain : plein et délié, geste, mouvement, vide et plein, composition, rythme, souffle et énergie…
Le calligraphe exprime par le mouvement aérien la légèreté et la souplesse du trait.
A partir d’un mot ou d’une citation le calligraphe peut réaliser plusieurs compositions, plusieurs tableaux différents.
La calligraphie renforce la capacité de s’identifier à l’autre pour une meilleure compréhension mutuelle. Elle nous renvoie à une dimension humaine qualitative, à l’heure de la mondialisation, période plus préoccupée de technologie, d’économie, que de culture.
L’écriture est l’essence de notre humanité, est totalement dépendante de notre façon de nous connecter au monde.
L’écriture naît d’un corps vivant et n’est pas uniquement une information. Elle est un acte.
Si l’écriture manuelle, physique, spirituelle évolue vers une écriture standardisée, numérique, artificielle, robotique, quel est l’impact de l’écriture sur notre mode de communication .
L’empire du numérique nous met non seulement face aux effets culturels mais aussi physiologiques de ces changements.
Malheureusement aujourd’hui nous pensons uniquement à la rentabilité des choses, nous tendons vers un monde plus matérialiste et contre nature. Nous oublions que l’écriture corporelle est le visage de l’être profond.
Le clavier tend à remplacer le stylo, le crayon et le calame. Les outils informatiques avec leurs logiciels entrainent un appauvrissement de l’écriture et de la langue, car les présélectionnés deviennent génériques et standardisés.
La disparition totale de l’écriture manuelle serait une véritable tragédie pour le monde.
La calligraphie, héritage culturel majeur, atteste de la beauté intemporelle du geste dans la transmission des mots et des valeurs de l’humanité.